Y avait-il plus doux fumet qui puisse s'échapper d'une maison ? Pour Joachim, qui avait marché pendant des heures, il lui semblait que de celle-ci émanait une odeur divine. Trois juteux rôtis, au moins ! Il n'attendit pas bien longtemps avant de sonner à la porte de cette mignonne petite demeure et, lorsqu'on lui ouvrit, s'empressa de plaider sa cause avec politesse et bienveillance, tout en enlevant son petit chapeau melon qu'il portait pour faire bonne figure.

« Bonjour, pardonnez-moi de vous déranger en une si belle journée. Je me présente, je m'appelle Joachim et j'ai marché toute la journée pour venir voir ma fille à l’hôpital de la ville et j'ai bien peur que si je ne trouve rien à me mettre sous la dent, je m'évanouirai avant d'y arriver. Je me déteste de vous demander cela mais accepteriez-vous de me fournir quelque nourriture pour me permettre de reprendre ma route ? Je peux vous payer en échange, bien entendu. »

Ces trois-là avaient l'air tout à fait niais, parfaitement stupides et complètement naïfs. Il allait rentrer poliment, parler poliment, les isoler poliment. Un par un. Puis les assommer, un par un. Puis les dévorer, tous d'un coup. Oh, ce serait un buffet splendide !